15 mars 2018 – Lilian Thuram invité à l’Université d’Oxford
Lilian Thuram était invité à l’Université d’Oxford pour parler de sa Fondation « Education contre le racisme « créée il y a dix ans, en 2008. Le principe essentiel qui est à l’origine de toutes les actions de la Fondation est simple : on ne naît pas raciste, on le devient. C’est pourquoi il est essentiel d’éduquer contre le racisme.
Le 15 mars 2018, l’ex-footballeur international Lilian Thuram nous a rendu visite à Oxford pour parler de sa Fondation « Education contre le racisme », qu’il a créée il y a dix ans, en 2008. Le principe essentiel qui est à l’origine de toutes les actions de la Fondation est simple : on ne naît pas raciste, on le devient. C’est pourquoi il est essentiel d’éduquer contre le racisme.
Mais avant d’aborder plus en détails le travail indispensable réalisé par la Fondation, cette rencontre commence, inévitablement, par évoquer la victoire française lors de la Coupe du monde de football 1998, il y a tout juste vingt ans. Lilian Thuram, qui a été sacré champion du monde cette même année, livre son analyse de ce qui a fait la force de cette équipe de France.
Le premier facteur a été la « culture footballistique » très riche de joueurs qu’il qualifie de « connaisseurs », et qui pour beaucoup avaient joué en Italie, et ont réussi, pour remporter cette Coupe du Monde, à allier la tactique — à l’italienne, donc — et le « panache », pour donner à cette victoire la petite touche française ! Mais les spectateurs, et le fait que la coupe a eu lieu en France cette année-là, ont aussi, selon lui, eu une grande influence. Pour lui, le football est une performance artistique, et comme dans toute performance, les spectateurs occupent une place importante : ils permettent à l’équipe de se transcender. Enfin, au sein de l’équipe, la cohésion entre les joueurs, qui s’est construite sur plusieurs années, a joué un rôle primordial.
C’est cette même équipe très unie qui a été souvent présentée comme un modèle de diversité en France. Lilian Thuram note cependant que c’est bien la victoire qui a permis à tant de Français et Françaises de se retrouver dans cette équipe. La possibilité pour chaque Français de se sentir partie d’un groupe gagnant a modifié la perception de l’équipe. Cette victoire a également rendu possible, une nouveauté à l’époque, un dialogue autour de la religion et de la couleur de peau. Si cette diversité était acceptée dans le football, alors pourquoi pas dans d’autres milieux ?
Cependant, ce dialogue est loin d’être achevé, et les débats loin d’être résolus. Si Lilian Thuram estime qu’il n’y a pas en France de réel tabou autour des différences religieuses et ce qu’il a choisi d’appeler les « différences de couleur », il admet que le vocabulaire n’est pas toujours très clair : on parle de « diversité », justement, de « minorité visible » et, à l’autre bout du spectre, de Français « de souche », une expression qui suggère fortement une ligne de couleur, mais sans l’assumer. Même en l’absence de réel tabou, il demeure primordial de nous confronter à l’histoire de divisions que l’on peut encore lire dans ces expressions, une histoire qui est aussi et avant tout une histoire de hiérarchie entre les êtres humains. En effet, cette confrontation nous permet de questionner les fruits de ce passé, mais aussi notre présent, pour mieux le comprendre.