L’historienne de l’art Anne Lafont livre une étude inédite sur les relations étroites et paradoxales de l’art et de la race à l’époque des Lumières. Une nouvelle voix dans les travaux actuels sur les questions de race, d’art, d’images et de
colonies.
En se fondant sur un corpus d’œuvres d’art connues et moins connues, l’auteure revisite les Beaux-Arts au XVIIIe siècle sous l’angle de la représentation des Noirs, figures qui, non seulement, articulent savoirs anthropologiques et expériences esthétiques, mais aussi histoire du luxe métropolitain et histoire de l’esclavage colonial. Ce livre est fondé sur une recherche de plus de dix ans sur les formes qu’ont prises les figures de l’Africain et de l’Africaine dans l’art continental et colonial français d’avant l’imaginaire abolitionniste. Il couvre les cultures visuelles et artistiques qui vont de la fin du XVIIe siècle – à l’époque de Coypel, Mignard, Largillière… – quand les colonies antillaises commencèrent à percer dans le champ artistique métropolitain, au premier tiers du XIXe siècle – à l’époque de Girodet, Benoist et Léthière jusqu’à Géricault… – quand l’échec de la première abolition de l’esclavage (1802) durcit l’iconographie partisane, mettant la violence des vies dans les plantations à l’ordre du jour de la création artistique.
Anne Lafont est historienne de l’art, directrice d’études à l’École des hautes études en sciences sociales.
Elle a étudié au Canada et en France avant d’être pensionnaire de la Villa Médicis. Elle a été ensuite maîtresse de conférences en histoire de l’art moderne à l’université Paris-Est avant de rejoindre l’Institut national d’histoire de l’art où elle a passé dix années. Elle est élue à l’EHESS en 2017 sur un projet intitulé Histoire de l’art et créolités.
Ses travaux ont porté principalement sur l’art des XVIII et XIXe siècles avec un intérêt particulier pour l’œuvre de la Révolution française et l’imagination picturale des nouveaux citoyens, les Noirs, à l’échelle des révolutions atlantiques. En parallèle, elle a initié des recherches sur la question des savoirs naturalistes et anthropologiques en lien avec les cultures visuelles du voyage, de l’expédition scientifique et du cabinet de curiosités (
L’artiste savant à la conquête du monde moderne, 2010 ;
1740, L’abrégé du monde, 2012) mais aussi des travaux sur les écrits des femmes sur l’art autour de 1800 (
Plumes et pinceaux. Discours de femmes sur l’art en Europe, 2012). Son travail s’oriente désormais vers l’art des Antilles françaises pendant la période coloniale et, d’une manière générale, sur les arts et les cultures de l’Atlantique noir.